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jeudi 15 mai 2014

La séduction, dans le Dom Juan de Molière

"C'est un véritable Dom Juan!" peut-on entendre dire à propos d'un séducteur. Cette antonomase, qui fait passer du nom propre au nom commun, montre bien à quel point la créature de Molière a imprimé dans nos esprits la marque du grand séducteur. 

Si Molière nous présente bien un homme à qui l'on reproche son peu de respect du mariage, et dont les noms des épouses couvriraient un livre, Le grand séducteur, sur scène, ne brille pas par ses conquêtes... 
Nous ne voyons qu'une fois le séducteur en action, à l'acte II, avec de simples paysannes : la chose lui est grandement facilitée par son titre, et cependant, il n'obtient pas les faveurs espérées. Il échoue à enlever la jeune mariée sur qui il avait jeté son dévolu, puis, pris à son propre piège auprès des paysannes Mathurine et Charlotte, il est sauvé par l'arrivée des frères de Done Elvire, son épouse délaissée, qui le recherchent pour laver leur honneur. Lorsqu'il cherche à retenir celle-ci à souper, parce qu'il la désire à nouveau, elle ne cède en rien à son offre. 
Bref, ce Dom Juan-là, en vérité, n'a pas tant de trophées qu'il chasse de proies, et nous le découvrons finalement davantage dans l'échec amoureux que dans la victoire.

Ainsi, il est réducteur de ne voir en Dom Juan qu'un séducteur de femmes. La séduction, Dom Juan l'utilise certes pour charmer les belles, mais il en use aussi avec les hommes, et ceux-ci ne semblent pas percevoir à quel point ils sont joués. Monsieur Dimanche, le bourgeois venu réclamer l'argent prêté, et qui repart sans avoir pu placer un mot; le père de Dom Juan, venu mettre en garde le fils indigne et qui croit avoir la joie de le voir revenir prodigue; Sganarelle lui-même, enfin, qui le sert sans être payé de ses services.



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