Dom Juan de Molière - L'insolence suprême

Par son Dom Juan, joué pour la première fois le 15 février 1665 au Théâtre du Palais Royal, Molière réplique avec une provocante insolence à l'interdiction de son Tartuffe, arrachée au Roi Louis XIV par le puissant clan des dévots. 

 Un grand seigneur, méchant homme ?!?

• En présentant un nouveau personnage manipulateur, menteur et dissimulateur, Molière poursuit la critique de l'hypocrisie sociale et religieuse qu'il a mené à ce qui semblait son paroxysme sous les traits du faux dévot Tartuffe. 

• Mais il semble qu'avec Dom Juan, il ait dépassé les bornes. En effet, il aggrave et précise son trait, et commet l'impensable: s'attacher à salir la noblesse de la cour, au lieu de se contenter de railler les petits marquis.

• Dom Juan, en effet, appartient à la noblesse de cour, puisque son père a audience auprès du Roi, et ce dernier semble ne rien ignorer des méfaits de l'indigne rejeton, ce qui jette le déshonneur sur toute la famille.

• Et l'ensemble des actions, rapportées ou présentées sur scène dresse un tableau ignoble de la noblesse, alors que celle-ci est en crise, déjà fragilisée par la politique de Louis XIV, qui l'a éloignée du pouvoir en souvenir de La Fronde. Ce que souligne justement Paul Bénichou, dans ses Morales du Grand Siècle, "ce grand seigneur demi-dieu est en même temps un grand seigneur déchu, et sa place est bien dans les siècles où se consomme la déchéance politique de l’aristocratie."

• Le "grand seigneur méchant homme" rejoint le  confesseur hypocrite au rang des oeuvres impies, et on dit que malgré le succès de la pièce, Molière est sommé d'abandonner son noble dévoyé pour sauver son Tartuffe. Les critiques les plus vives fusent en effet : pour le Prince de Conti, qui appartient aux dévots de la lugubre Compagnie du Saint Sacrement, l'auteur y fait « école d'athéisme »...

• La pièce ne sera jouée qu'une quinzaine de fois, entre le 15 février et le 20 mars 1665, et ne sera pas reprise, malgré son succès, à la réouverture traditionnelle des théâtres, après les fêtes de Pâques. 

Voyons donc à présent quels sont les principaux thèmes de la pièce, et découvrons ce que ce Dom Juan a de si sulfureux...

• La séduction
• Le libertinage
• Le changement
• L'honneur
• La mort